Les fondateurs de gauche à droite : Pedro Soler, Thierry Parcé, Marc Parcé, Jules Campadieu, Jean-François Camou
1984,
Je n’aime pas trop regarder en arrière, mais en l’occurrence, il est difficile d’échapper au flash back…
Marc était arrivé à Banyuls en 1976, en 1981 il me proposait de venir pour remplacer un ouvrier malade. Rapidement, nous nous apercevions que l’exploitation étant trop petite pour nourrir deux familles, il fallait trouver une solution, d’autant qu’Elisabeth et moi même, souhaitions rester à Banyuls après la naissance de Mathieu, notre premier enfant. Alors, je suis allé travailler sur un autre domaine et avec le recul, je m’aperçois que ce fut une chance. J’ai pu y apprendre mon métier durant trois ans avec des ouvriers dont la plupart faisaient partie de cette génération qui avait fuit l’Espagne après la guerre civile. A Banyuls, on peut dire que si le vignoble existe encore, c’est en partie grâce à eux. A leur contact, j’ai appris l’essentiel de mon métier de vigneron, le travail bien fait “sans trainer”, avec régularité. Ces trois années ont aussi servi à réfléchir à ce projet de monter notre propre cave. Le temps de trouver d’autres vignes, un peu de matériel installé dans le petit hangar, l’idée faisait son chemin. L’envie était forte d’aller voir comment cela se passait de l’autre côté du quai de la coopérative. Récolter des raisins, mais aussi les accompagner jusqu’au bout, faire naître son propre vin, retrouver les gestes de nos ancêtres, de Marcellin Reig et de tous ceux avant lui.
En 1984, nous commencions par un millésime de coulure mémorable, avec du dix hectolitre à l’hectare, mais l’aventure était lancée et elle continue encore aujourd’hui.
Le Domaine de la Rectorie s’est développé grâce à un travail collectif. Il serait trop long de citer tout le monde, mais de Marc, Pierre, Vincent, Jean-Emmanuel et bien d’autres, tous ont apporté leur pierre à l’édifice. Nous avons suivi une utopie, l’ambition n’étant pas d’inscrire en gros son nom sur l’étiquette mais de faire progresser une oeuvre commune.
Dans l’individualisme de notre époque, cela ne va pas sans difficulté, mais en même temps qui pourrait nier que l’égocentrisme est un obstacle à la pérennité.
Alors nous continuerons encore et toujours.
Thierry